La vitamine C, aussi appelée acide ascorbique, est l’une des vitamines les plus connues et a une histoire fascinante, notamment en lien avec la lutte contre le scorbut, une maladie qui a longtemps ravagé les marins. On doit la démocratisation de la vitamine C en grande partie au travail de Linus Pauling (prix Nobel de chimie en 1954). Dans le monde francophone, le Dr Jean-Paul Curtay, médecin et nutritionniste, a largement contribué à la vulgarisation de la nutrithérapie dans les années 1990-2000, en s’inspirant des travaux de Bland et Pauling.

➠ Les principales fonctions de la vitamine C

La vitamine C est une vitamine hydrosoluble (soluble dans l’eau), essentielle à l’être humain, qui ne peut pas être synthétisée par notre corps, et doit donc être apportée par l’alimentation. Ses rôles physiologiques dépassent largement la prévention du scorbut et incluent des fonctions cruciales dans la synthèse du collagène, la modulation immunitaire, l’activité antioxydante, le métabolisme du fer et la synthèse des neuromédiateurs.

➥ Synthèse du collagène

La vitamine C est indispensable à la fabrication du collagène, une protéine essentielle à la structure de la peau, des vaisseaux sanguins, des tendons, des ligaments, des os et des dents. La fonction première de la peau est d’agir comme une barrière contre les agressions de l’environnement, et sa structure unique en est le reflet. La peau normale contient de fortes concentrations de vitamine C, qui soutient des fonctions importantes et bien connues, stimulant la synthèse de collagène et aidant à la protection anti-oxydante contre les photo-dommages induits par les UV. Le Dr Rath, qui a poursuivi les travaux de Linus Pauling, a avancé une théorie de prévention des maladies cardiovasculaires grâce à la vitamine C et les acides aminés lysine, proline et glycine, qui s’appuie sur le rôle de ces micronutriments dans la synthèse du collagène. Le Dr Rath part du postulat que les plaques d’athérosclérose constituées de lipoprotéine Lp(a) se forment en réaction à des dommages des artères ayant subit une usure par manque de synthèse de collagène, et donc suite à un déficit focal en vitamine C et en acides aminés.

➥ Antioxydant

La vitamine C agit comme un antioxydant en neutralisant les radicaux libres, protégeant ainsi les cellules contre le stress oxydatif et le vieillissement prématuré. Elle aide à régénérer d’autres antioxydants, comme la vitamine E, renforçant ainsi la protection globale de l’organisme contre les dommages oxydatifs. La vitamine C neutralise certains polluants (alcool, pesticides hydrocarbures aromatiques ) et inhibe la formation des nitrosamines (carcinogènes) à partir des nitrites et nitrates alimentaires. La vitamine C peut aider à réduire les taux sériques et tissulaires de métaux lourds, tels que cadmium, plomb, mercure, nickel et vanadium, arsenic etc. mais elle n’agit pas comme un chélateur à proprement parler.
🔗 Int J Med Sci. 2020 – Vitamin C: A Review on its Role in the Management of Metabolic Syndrome
🔗 Int J Vitam Nutr Res. 2008 – Protective effect of vitamin C on oxidative stress: a randomized controlled trial

➥ Système immunitaire

Les leucocytes et les neutrophiles accumulent la vitamine C de manière intracellulaire et la vitamine C influence le processus de chimiotaxie ainsi que la phagocytose des microbes. Les niveaux de vitamine C dans les globules blancs sont des dizaines de fois plus élevés que dans le plasma. Une supplémentation en vitamine C pourrait protéger contre la progression de l’atrophie de la muqueuse gastrique avec une infection à Helicobacter Pylori.
🔗 Int J Environ Res Public Health. 2023 – Early Gastric Cancer: Update on Prevention, Diagnosis and Treatment
🔗 Cancer Sci. 2003 – The effect of 5-year vitamin C supplementation on serum pepsinogen level and Helicobacter pylori infection

➥ Synthèse des neuromédiateurs

La vitamine C participe à la synthèse de neurotransmetteurs tels que la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine, contribuant ainsi au bon fonctionnement du cerveau et du système nerveux. Elle intervient, avec le cuivre, dans la production de noradrénaline à partir de la dopamine.
🔗 Medecine (Baltimore). 2024 – High-dose vitamin C improves norepinephrine level in patients with septic shock: A single-center, prospective, randomized controlled trial

🎯 Principales fonctions biologiques

Fonction	Rôle dans l’organisme
🧱 Synthèse du collagène	Fabrication du collagène (protéine structurale des tissus conjonctifs : peau, os, cartilages, vaisseaux sanguins)
🩹 Cicatrisation des plaies	Favorise la régénération des tissus et la réparation cutanée
🛡️ Antioxydant	Protège les cellules contre les radicaux libres et le stress oxydatif
🦠 Renforcement immunitaire	Stimule l’activité des globules blancs et améliore la réponse immunitaire
🩸 Absorption du fer	Facilite l’absorption intestinale du fer non héminique (d’origine végétale)
🧠 Système nerveux	Intervient dans la synthèse de neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline, sérotonine)
♻️ Régénération d’antioxydants	Permet la régénération de la vitamine E, prolongeant son action antioxydante

➥ Quelques autres fonctions de la vitamine C

– absorption du fer: augmente l’absorption du fer non héminique (d’origine végétale) au niveau intestinal, ce qui aide à prévenir certaines formes d’anémie.transformation en une forme de fer biodisponible; soutient la transmission du fer de la protéine de transport (transferrine) à la protéine de stockage (ferritine).
– dégradation du cholestérol: la dégradation du cholestérol en acides biliaires est dépendante de la vitamine C.
– aide à l’élimination de produits chimiques : stimulation du système enzymatique dans le foie, ce qui entraîne une meilleure élimination des substances toxiques ou des métaux lourds.
– formation de carnitine: la vitamine C est essentielle à la formation de carnitine. Un taux insuffisant de carnitine peut provoquer fatigue et faiblesse musculaire.
– régulation de l’histamine et traitement des nausées (J Vestib Res. 2014 – Impact of oral vitamin C on histamine levels and seasickness)
– traitement de l’excès d’acide urique (Arthritis Rheum. 2005 – The effects of vitamin C supplementation on serum concentrations of uric acid: results of a randomized controlled trial)

➠ ANR et précautions d’emploi

➥ Apports nutritionnels recommandés (ANR)

• Adultes : 90 mg/j (hommes) ; 75 mg/j (femmes) – ANSES/EFSA
• Besoins accrus : grossesse, tabagisme, stress oxydatif élevé, sport intensif, infections chroniques.
• Dose tolérable maximale (UL) : 1000 mg/j (hors usage hospitalier ou orthomoléculaire supervisé)

➥ Précautions d’emploi

En raison du court temps de rétention de la vitamine C dans le sang, il est idéal de répartir cette quantité sur plusieurs petites doses afin d’obtenir des niveaux sanguins constants. Des chercheurs (notamment en orthomédecine) défendent l’idée que les ANR sont trop faibles pour des effets optimaux, mais cela reste débattu. Mais attention, une partie de la vitamine C est excrétée sous forme d’oxalate (acide oxalique), dont la combinaison avec le calcium peut être à l’origine des calculs rénaux chez certaines personnes prédisposés aux calculs d’oxalate de calcium. Des cas d’insuffisance rénale aiguë, secondaire à la précipitation des cristaux d’oxalate de calcium dans les tubules rénaux, ont été décrits chez des patients consommant entre 500 mg et 2 g par jour de façon prolongée. Selon une étude suédoise, le risque de calculs rénaux doublerait chez les hommes prenant des compléments alimentaires de vitamine C. Sans remettre en cause les bénéfices de cette vitamine pour la santé, ces résultats soulignent l’importance de respecter des doses journalières recommandées afin de limiter le risque d’effets indésirables.
Acide ascorbique⟶ Acide dˊhydroascorbique (DHA) ⟶ 2,3-dikeˊtogulonate (DKG) ⟶ acide oxalyl-glycolique ⟶ oxalate (acide oxalique)
1000 mg de Vitamine C ⇒ ≈20–40 mg d’oxalate excrété
🔗 Revue Médicale Suisse. 2014 – Risques rénaux des compléments alimentaires: une cause ignorée

La vitamine C alimentaire n’est pas un problème chez la plupart des gens, mais chez certaines personnes, elle pourrait être considérée comme un complément alimentaire potentiellement néphrotoxique (comme le curcuma), si consommée à hautes doses et de façon prolongée, indépendamment de la présence ou non d’une maladie rénale préexistante. Plusieurs lignes directrices déconseillent >1000 mg/j de vitamine C chez les personnes sujettes aux calculs (hyperoxalurie/calculs oxalate de calcium).

L’acide oxalique est présent dans de nombreux aliments courants, notamment :
• Épinards : 100 à 200 mg d’oxalate pour 28 g
• Rhubarbe : 570 à 1900 mg pour 100 g
• Amandes : 122 mg pour 3 g
• Betteraves : Une tasse fournit 152 mg
• Son de blé : 220 mg pour 100 g

Guidelines EAU/AUA : pour les patients à calculs d’oxalate de calcium/hyperoxalurie, éviter les fortes doses de vitamine C, assurer calcium alimentaire 1000–1200 mg/j, limiter aliments riches en oxalate, boire abondamment.

Par contre, les calculs de phosphate de calcium se dissolvent facilement dans l’urine acidifiée, et l’acide ascorbique (vitamine C) acidifiant l’urine, il aide à dissoudre les calculs de phosphate existants et prévient leur formation.

➠ Applications thérapeutiques

La vitamine C occupe une place centrale en micronutrition clinique. Si son efficacité dans la prévention du scorbut est établie depuis des siècles, ses rôles étendus dans la modulation immunitaire, le stress oxydatif et la réparation tissulaire font l’objet de recherches actives. Des investigations sont également en cours pour son usage dans les maladies cardiovasculaires (théorie du Dr Rath), le cancer (voie intraveineuse à haute dose) et les syndromes inflammatoires sévères (sepsis, SDRA).

➥ Le scorbut

Le scorbut est une maladie causée par une carence sévère en vitamine C. Elle provoque fatigue, douleurs musculaires, saignements des gencives, perte de dents, puis la mort. Elle touchait surtout les marins lors des longues traversées où les fruits et légumes frais manquaient. Au XVIIIe siècle, le médecin britannique James Lind (1747) mène une des premières expériences cliniques connues : il montre que les marins qui consomment des citrons et oranges guérissent du scorbut. Il est ainsi considéré comme un pionnier de la médecine basée sur des preuves.
Voici quelques signes pouvant indiquer une carence en vitamine C :
– inflammation, saignements gingivaux, et troubles bucco-dentaires,
– hémorragies sous-cutanées, saignement du nez
– ecchymoses, taches rouges sur le corps
– troubles des phanères (poils, ongles et cheveux), accumulation de kératine dans la racine des cheveux qui deviennent rêches
– cicatrisation réduite,
– plus grande sensibilité aux infections, système immunitaire défaillant,
– fatigue, anémie, pâleur peau, faiblesse et protection réduite contre le stress oxydatif,
– douleurs musculaires, articulaires, osseuses et tendineuses,
– dépression et modification de la personnalité en raison de la synthèse réduite des neurotransmetteurs, irritabilité, maux de tête, perte d’appétit, nausées, amaigrissement, difficultés de concentration

Le Scorbut induit

«Tous les effets causés par l’attaque d’un micro-organisme sur l’organisme impliquent un appauvrissement de l’acide ascorbique. Lorsque l’organisme ne dispose plus d’une quantité suffisante d’acide ascorbique en raison du stress causé par la maladie, le corps acquiert la condition appelée « scorbut induit » dans lequel il ne peut plus longtemps maintenir la fonction de ses organes. Dans le scorbut, les saignements des capillaires endommagés et la défaillance des organes se produisent partout dans le corps. L’épuisement en acide ascorbique entraîne également une défaillance du système immunitaire et empêche la récupération de la fonction métabolique, ce qui peut conduire à des pathologies graves et mortelles telles que le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), la septicémie et la défaillance de plusieurs organes… » http://www.orthomolecular.org/resources/omns/v16n31-fra.pdf

➥ La cicatrisation des plaies

En favorisant la production de collagène et la régénération des tissus, la vitamine C joue un rôle clé dans la cicatrisation des plaies comme les ulcères.
🔗 Antioxidants (Basel). 2020 – A Systematic Review on the Role of Vitamin C in Tissue Healing
🔗 Int Wound J. 2016 – Vitamin C promotes wound healing through novel pleiotropic mechanisms
🔗 Curr Opin Clin Nutr Metab Care. 2009 – Efficacy of vitamin supplementation in situations with wound healing disorders: results from clinical intervention studies
Une activité physique intense, par exemple, un exercice intense et prolongé, augmente les besoins quotidiens en vitamine C. Les tendinopathies représentent 30 à 50 % de toutes les blessures sportives. Le principal composant moléculaire des tendons est le collagène I (60-85%). Le reste est constitué de glycosaminoglycanes-protéoglycanes, de glycoprotéines et d’autres sous-types de collagène. La carence en vitamine C est principalement associée à une diminution de la synthèse du procollagène et à une hydroxylation réduite des résidus de proline et de lysine, entravant le processus de réparation des tendons. L’acide ascorbique joue un rôle central dans la cicatrisation des blessures du sportif. D’autres études montrent un intérêt préventif en pré-opératoire et post-opératoire pour diminuer le risque d’algodystrophie.
🔗 Nutrients (2022) – Effect of Vitamin C on Tendinopathy Recovery: A Scoping Review

Une activité physique intense et prolongé augmente les besoins quotidiens en vitamine C.

➥ La résistance aux infections

La vitamine C protège l’organisme des infections, en particulier dans les situations de stress et les conditions climatiques extrêmes. À cet effet, une dose d’au moins 800 mg par jour est nécessaire.
🔗 Life. 2021 – The Effects of Vitamin C on the Multiple Pathophysiological Stages of COVID-19
🔗 J Exp Clin Cancer Res. 2021 – High-dose intravenous vitamin C, a promising multi-targeting agent in the treatment of cancer
🔗 Eur J Microbiol Immunol (2019) – Immunomodulatory and Antimicrobial Effects of Vitamin C

➥ Le traitement de certaines nausées

La vitamine C en favorisant la diminution de l’histamine et en favorisant la transformation de la dopamine en noradrénaline serait efficace pour le traitement des nausées en lien avec la dopamine.
🔗 J Vestib Res. 2014 – Impact of oral vitamin C on histamine levels and seasickness

Résumé des indications

Indication	Niveau de preuve / Références
Prévention du scorbut	Établie (études historiques – James Lind, 1747).
Carence subclinique / fatigue	Corrélée à un déficit en acide ascorbique.
Amélioration de la cicatrisation	Données cliniques et expérimentales (Nutrients, 2022).
Support immunitaire (infection virale)	Effets modestes à doses > 800 mg/j. Controverse sur efficacité en prévention (Life, 2021).
Nausées / mal des transports	Données favorables (J Vestib Res, 2014) – mécanisme via dopamine/noradrénaline.
Réduction du stress oxydatif	Validé dans des contextes de stress oxydatif élevé (polluants, sepsis, syndrome métabolique).
Tendinopathies, réparation tissulaire	Rôle adjuvant via la synthèse de collagène (Nutrients, 2022).

Données émergentes ou controversées

Indication	Commentaires
Prévention cardiovasculaire (Dr Rath)	Hypothèse basée sur la carence en collagène ; peu d’études cliniques indépendantes.
Traitement adjuvant du cancer	En cours d’exploration ; IV haute dose en hôpital. Études pilotes (J Exp Clin Cancer Res, 2021).
COVID-19 et infections graves	Résultats hétérogènes ; certaines études montrent amélioration symptomatique à haute dose IV.
Syndrome de sepsis / SDRA	Diminution du besoin en vasopresseurs en réanimation (Medecine (Baltimore). 2024 – Vitamin C and norepinephrine in septic shock ) ; usage hors AMM.

👉 La vitamine C en résumé

La vitamine C (acide ascorbique) est une vitamine hydrosoluble essentielle à l’humain, connue depuis longtemps pour la prévention du scorbut. Son rôle dépasse largement cette fonction historique et inclut la synthèse du collagène, la modulation immunitaire, l’activité antioxydante et la synthèse des neurotransmetteurs. Les recherches récentes explorent ses applications potentielles dans la gestion des maladies cardiovasculaires, des infections sévères, du cancer, et des troubles musculo-squelettiques.

© Rémy Honoré

🔗 Pour en savoir plus

1. 2025 – Dr Bricman – VITAMINE C : Les VÉRITÉS SCIENTIFIQUES que vous ignorez peut-être !
2. Vitamin C | Linus Pauling Institute | Oregon State University
3. La Panacée originelle – La vitamine C : Lévy, Thomas E.

Les articles en ligne ont pour finalité d’aider les gens à mieux comprendre leur maladie, à permettre aux patients de bénéficier d’une meilleure prise en charge avec leur médecin traitant. Assurez-vous de collaborer avec vos professionnels de santé médecins et pharmaciens pour surveiller votre santé et vos traitements. Rémy Honoré ne pourra être tenu pour responsable de l’usage qui sera fait des contenus de ce site. Rémy Honoré ne diagnostique ni ne traite aucune maladie en ligne.